L’artiste français Christian Boltanski a vendu sa vie en viager en 2009 à un propriétaire de musée en Tasmanie. Récit d’une histoire peu ordinaire qui dure depuis plus de 10 ans et qui confère aujourd’hui au plasticien de substantielles rentes.
Boltanski avait 65 ans lorsqu’il a accepté de vendre non pas son habitation en viager mais… sa vie ! Un pari un peu fou mais qui s’est avéré payant.
L’artiste filmé 24h/24 jusqu’à la mort
Tout a commencé fin 2009. David Walsh, le fondateur du musée MONA (Museum of Old and New Art) à Hobart, au sud de la Tasmanie, souhaite acquérir une œuvre de l’artiste français qu’il admire. Mais Walsh n’est pas un propriétaire de musée comme les autres…
Le Tasmanien a bâti sa fortune en jouant. Doté d’une capacité de calcul mental prodigieuse, il est vite devenu la bête noire des casinos. À tel point qu’il en est interdit depuis de nombreuses années. L’homme se targuait d’ailleurs de n’avoir jamais raté un pari. Ce qui a poussé Boltanski a lui en proposer un : plutôt que de lui payer son œuvre, Walsh lui achèterait sa vie en viager. Une œuvre en soi baptisée : Une vie en boîte, The Life of C.B..
Les termes du contrat étaient simples. À partir du 1er janvier 2010, 4 caméras filmeraient la vie de l’artiste français en direct et en permanence jusqu’à sa mort en échange d’une rente mensuelle. Si Boltanski mourrait dans les 8 ans, Walsh serait propriétaire de l’œuvre qu’il convoitait et serait gagnant (l’homme avait parié que l’artiste mourrait en 2018). Si le plasticien survivait au-delà de 8 ans, Walsh perdrait alors de l’argent. Et donc son pari.
« Une chose possible »
Nous sommes en février 2020 et Boltanski a 75 ans et est toujours vivant ! Walsh continue donc de payer les rentes et de filmer les jours de l’artiste.
Pourquoi avoir accepté de vendre sa vie en viager ? À l’époque, Boltanski expliquait qu’il avait trouvé cela bizarre mais qu’il éprouvait malgré tout un certain plaisir à jouer avec le propriétaire du MONA, sûr de ne jamais perdre. « Seul le diable peut gagner un pari sur la mort », confiait-il. Et d’ajouter dans le journal L’Humanité : « Vendre aujourd’hui sa vie en viager paraît honteux, relève du tabou. Et moi, je prétends qu’il n’y a pas de quoi hurler, que ce sont des choses possibles. Chez moi, le savoir compte plus que l’objet. Je joue mes œuvres. (…) C’est ma propre mort qui m’interroge, mon travail est plus impalpable. »
Il est interdit à Walsh d’interrompre le direct. Il ne peut pas non plus diffuser des images enregistrées. Tout le monde a accès aux images en temps réel dans une grotte dans la propriété de Walsh. Mais elles ne peuvent être diffusées que là. Walsh deviendra propriétaire des DVD des enregistrements uniquement à la mort de Boltanski. L’artiste français a gagné sa partie d’échecs contre « le diable », contre « la mort ».
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